La Mutualité Française Bourgogne-Franche-Comté se mobilise pour préserver l’écosystème de l’ESS sur son territoire.

Face au récent projet de loi visant la simplification de la vie économique, la menace d’une suppression pèse sur les espaces de représentation et de dialogue des acteurs de l’ESS, dont le CESER et la CRESS. La Mutualité Française Bourgogne-Franche-Comté se mobilise et a rencontré Tatiana Desmarest, Présidente de la CRESS Bourgogne-Franche-Comté, afin qu’elle nous livre son analyse.

La Chambre de l’Économie Sociale et Solidaire (CRESS) de Bourgogne-Franche-Comté est un acteur essentiel de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) sur notre territoire. Depuis 2017, elle abrite et représente les entreprises régionales qui cherchent à concilier activité économique et utilité sociale. Elle défend notamment leurs intérêts auprès des pouvoirs publics, mais aussi plus largement en soutenant le dynamisme économique. Malgré les défis financiers et les incertitudes qu’elle rencontre, elle continue d’explorer de nouvelles sources de financement et en s’orientant vers le développement de projets innovants.

Dans cette interview, Tatiana Desmarest, présidente de la CRESS Bourgogne-Franche-Comté, nous livre son analyse sur la situation actuelle de l’économie sociale et solidaire (ESS) dans la région et aborde les priorités de l’année, les enjeux de recrutement et les répercussions potentielles des amendements visant à supprimer les CRESS.

  • Certaines régions, comme Auvergne-Rhône-Alpes ou bien encore Pays-de-la Loire, ont supprimé leurs soutiens à l’ESS. La première question que nous souhaiterions vous poser est comment se porte la CRESS Bourgogne-Franche-Comté ?

« Malgré son rôle essentiel dans le soutien et la promotion de l’ESS dans la région, la CRESS Bourgogne-Franche-Comté a toujours des incertitudes sur son modèle économique. Les difficultés rencontrées par certaines régions à financer les têtes de réseaux régionales obligent les CRESS à faire preuve de résilience. Notre CRESS continue d’explorer de nouvelles opportunités de financement et de développement pour soutenir les acteurs de l’ESS, tout en restant à l’écoute des évolutions du secteur. »

 

  • Quels sont vos principaux enjeux pour cette année ?

« Une priorité de la CRESS BFC est de consolider son modèle économique. En effet, face à la suppression de certains soutiens financiers, la CRESS Bourgogne-Franche-Comté doit explorer de nouvelles sources de financement, que ce soit par le biais de subventions, de partenariats publics-privés ou de projets collaboratifs, afin de garantir la continuité de ses actions et de soutenir les acteurs de l’ESS. Il est bien évident que nous n’oublions pas que nous œuvrons pour les entreprises de l’ESS de notre territoire avec des enjeux de recrutement et maintien dans l’emploi via des projets comme ACTESS ou PROM’ESS. »

 

  • Récemment des amendements ont été déposés (et fort heureusement repoussés) dans le cadre projet de loi sur la simplification de la vie économique pour supprimer les CRESS. Qu’est-ce que cela traduit selon vous ? Est-ce que les libertés de la société civile, la démocratie participative sont menacées aujourd’hui ?

« La proposition de supprimer les CRESS à travers des amendements dans le cadre du projet de loi sur la simplification de la vie économique soulève des questions importantes sur l’avenir de l’économie sociale et solidaire (ESS) et sur la place de la société civile dans le paysage politique et économique.  La suppression des CRESS pourrait affaiblir la voix de la société civile dans les processus décisionnels. Les CRESS permettent aux acteurs de l’ESS de se rassembler, de partager leurs expériences et de faire entendre leurs besoins et préoccupations auprès des décideurs. Leur disparition pourrait réduire les opportunités de dialogue et de concertation entre les acteurs publics et les acteurs de l’ESS. La réaction face à ces amendements, avec leur rejet, montre la mobilisation des acteurs de l’ESS et leur détermination à défendre leurs intérêts. Cela témoigne d’une résilience et d’une volonté de faire entendre leur voix dans le débat public. Cette mobilisation est essentielle pour préserver les acquis et renforcer le rôle de l’ESS dans la société. »

 

  • Quelles seraient les conséquences d’une telle suppression pour les entreprises de l’ESS en termes de soutien et de représentation ?

« La suppression des CRESS aurait des conséquences importantes pour les entreprises de l’économie sociale et solidaire en termes de soutien et de représentation. Les CRESS jouent un rôle clé pour structurer et animer le réseau des acteurs de l’ESS. D’autres missions que nous portons ne seraient plus réalisées comme l’étude des données sur les structures de l’ESS (via notre observatoire régional) pour produire des études et diagnostics territoriaux. D’autres missions comme la promotion de l’ESS, l’accompagnement et le développement ou encore l’animation territoriale ne seraient plus remplies. »