Plus qu’une « place », c’est un « rôle » dans le système de protection sociale que réclament les mutuelles. Ce rôle pourrait être celui d’un « compagnon de vie » pour leurs adhérents. Cette revendication constitue le fil rouge du rapport du congrès de Nantes, qui s’ouvre jeudi 11 juin.
Quoi de neuf depuis le « pacte solidaire » proposé par les mutuelles aux pouvoirs publics, à l’assurance maladie obligatoire et aux professionnels de santé à l’occasion de leur congrès de Nice, en octobre 2012 ?
Annoncée lors de cette manifestation par le président de la République, la généralisation de la complémentaire santé, prévue pour janvier 2016, a, depuis deux ans, rebattu les cartes et, en privilégiant un mode de couverture collectif et obligatoire, bouleversé le secteur.
Dans ce contexte, à la veille de leur 41e congrès, qui se déroule à Nantes du 11 au 13 juin, les mutuelles ne veulent plus se contenter d’une place assignée, qui les cantonne à pallier les insuffisances du régime obligatoire. Elles réclament aujourd’hui un véritable « rôle dans le système de protection sociale ».
Cette revendication est l’un des fils conducteurs du rapport de ce congrès, qui a été élaboré grâce aux contributions des groupements mutualistes et enrichi au fil des débats organisés dans toutes les régions entre l’automne 2014 et le printemps 2015.
Apporter des réponses concrètes
Dans cet esprit, les mutuelles « doivent se mobiliser pour être des acteurs globaux de santé et, plus largement, de réels « compagnons de vie » à l’écoute des besoins et apportant des réponses concrètes », écrit Etienne Caniard, le président de la Mutualité Française, dans la préface de ce document.
Le congrès sera à cet égard un moment privilégié pour réfléchir aux contours de ce rôle, aux services que peuvent proposer les mutuelles, et à la défense des conditions solidaires et transparentes de leur activité.
Animer les parcours de santé
Une mutuelle « compagnon de vie », c’est l’objectif du mouvement pour demain, indique le rapport. Plus que la solvabilisation ponctuelle d’épisodes de soins, les mutuelles œuvrent aujourd’hui à une prise en charge globale de l’adhérent tout au long de sa vie et à la satisfaction de ses besoins sociaux.
Investies depuis de nombreuses années pour réduire les restes à charge, qui freinent l’accès aux soins d’un nombre grandissant de citoyens, elles « ont développé depuis longtemps de nombreux services pour y parvenir : développement des réseaux, du conventionnement hospitalier, dispositifs conventionnels (négociés avec l’assurance maladie et les professionnels de santé) », énumère le rapport.
Dans le cadre d’un système de soins qui évoluerait vers la création de parcours de santé, prenant notamment en compte les situations de chronicité de la maladie, la coordination des acteurs et l’évolution de la démographie, les mutuelles, « qui figurent parmi les seuls acteurs présents sur l’ensemble de ce parcours », ont un rôle à jouer dans son animation.
Démontrer sa capacité d’innovation
En amont de ce parcours, elles insistent également sur le besoin d’ »investir massivement le champ de la prévention », un domaine où elles peuvent se différencier des autres acteurs de la complémentaire santé.
Dans un secteur de plus en plus réglementé, c’est bien dans leur capacité d’innovation dans les services que les mutuelles peuvent trouver la clé de leur développement. Ce qu’elles ont commencé à faire en proposant des services et conseils connexes aux métiers de la santé, tels que l’assistance, l’action sociale, la prévoyance, la prise en charge de la dépendance ou encore des programmes d’accompagnement.
Nouvelles prises en charge, nouveaux services, nouvelles relations avec les adhérents : ces questions occuperont les militants mutualistes durant les trois jours du congrès. C’est à eux qu’il appartiendra de définir ce « nouvel équilibre économique entre la dimension assurantielle et la dimension services et accompagnement ».
Sabine Dreyfus
© Agence fédérale d’information mutualiste (Afim)