Nous croyons souvent que les oreilles ne sont pas aussi vulnérables aux agents externes comme la peau ou les yeux face au soleil. Mais notre système auditif n’a pas été conçu pour pouvoir résister aux nouvelles sources sonores produites par l’homme : regarder des films, suivre les conversations téléphoniques, écouter de la musique, jouer à des jeux-vidéo ou télétravailler. Nos pratiques sonores actuelles liées à l’émission de musique amplifiée fragilisent son équilibre et par trop souvent s’en trouve à tout jamais rompu. Le trouble de l’audition peut survenir à tout âge et il est de plus en plus fréquent chez les jeunes, adultes en devenir.
Une fois abîmées à la suite d’un traumatisme sonore aigu (écoute prolongée MP3 à fort volume, concert, discothèque, tir, perceuse électrique…) les cellules se détruisent et ne se régénèrent pas. Nous ne savons ni les réparer ni les remplacer.
Il existe bien une protection naturelle au sein du système auditif, appelé le réflexe stapédien (contraction du muscle de l’étrier de l’oreille moyenne, visant à atténuer le niveau d’intensité des sons transmis à l’oreille interne). Mais ce mécanisme ne peut gérer ni la puissance des intensités sonores émises par les matériels amplifiés actuels, ni le cumul de pressions acoustiques que nous imposons au système auditif.
Tous concernés
Un Français sur deux indique rencontrer des difficultés à suivre les conversations dans les différents lieux de vie. Ce problème ne concerne pas que les personnes âgées. Il touche tout le monde, même les plus jeunes.
La majorité des Français de tous les âges fait part de difficultés de compréhension de la parole dans l’ensemble des lieux et situations de vie. Et cela, même chez les 15 – 17 ans ! 64% des jeunes lycéens et étudiants indiquent rencontrer des difficultés de compréhension de la parole à cause du bruit dans les classes.
56% des 15 -17 ans ont déjà ressenti des phénomènes de sifflement ou bourdonnement dans les oreilles. À la suite de l’exposition au bruit, 52% des jeunes disent avoir ressenti fréquemment ou de temps en temps de la lassitude ou de la fatigue, 42% des maux de tête, 29% ont ressenti des acouphènes.
Gênes temporaires, acouphènes, hyperacousie, voire perte d’audition, ces lésions de l’oreille ont des conséquences sur l’état de santé en général : 67% des actifs affirment que les nuisances sonores ressenties au travail provoquent des conséquences négatives sur leur santé. Ils sont 54% à estimer que le bruit provoque fatigue lassitude ou irritabilité (57% des moins de 35 ans).
Plus de 7 télétravailleurs sur 10 utilisent un casque ou des écouteurs pour travailler. La durée d’utilisation s’élève majoritairement à plus de 2 heures par jour. Les casques et écouteurs ne sont pas forcément adaptés à leurs conditions d’utilisation, amenant les télétravailleurs à augmenter le volume sonore.
Lorsque les temps d’exposition sont dépassés il y a un risque pour nos oreilles
85 dB est le maximum recommandé pour écouter de la musique sur les mp3. Le temps d’exposition ne doit pas dépasser huit heures en continue.
100 dB, c’est ce qu’atteint, en moyenne, la musique dans les festivals, les concerts et les discothèques. Le temps d’exposition sécuritaire est que de 15 minutes maximum.
105 dB est le volume maximum atteint par un lecteur de musique moyen. L’exposition ne doit pas dépasser quatre minutes.
Ce n’est pas le son qui est à rejeter, ni l’utilisation en elle-même des écouteurs. Il s’agit de remettre en question les modes de consommation du son pour développer des pratiques d’écoute « safe ». Et cela est à notre portée de main. pour cela il faudrait :
Varier le mode d’écoute du son : écouteur ou casque / enceintes nomades / directement en sortie de l’ordinateur en mode écoute naturelle à distance ;
Modérer le volume et la durée de l’écoute de la musique ;
Offrir des temps de récupération à l’oreille au cours de la journée : après une visio-conférence, en cours de journée laisser simplement les oreilles respirer à l’air libre et dans une ambiance sonore naturelle calme et profiter du temps de sommeil pour offrir une grande place de récupération ;
Réduire ensemble le brouhaha collectif issu de nos.
Par ces simples pratiques, les gains forme et vitalité se feront ressentir et les interactions oreille – cerveau sont au cœur de ces enjeux.
En cas de douleurs à l’oreille, perte auditive, acouphènes (bourdonnement ou bip), vertige, inflammation de l’oreille, etc. Il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste, un otorhinolaryngologiste (ORL) ou un audioprothésiste qui pourra réaliser les tests nécessaires pour vérifier la santé de vos oreilles.
Article de Marylou Carbayo, responsable de projets prévention et promotion de la santé à la Mutualité Française Bourgogne-Franche-Comté
Les acouphènes sont des sifflements ou des bourdonnements d’oreilles. La plupart des gens connaissent ce phénomène, pour l’avoir ressenti de manière temporaire après une exposition au bruit ou après une période de stress. Ils sont alors de faible intensité et disparaissent au bout de quelques minutes ou quelques heures. En cas de traumatisme auditif aigu, on les perçoit tout le temps, et de manière particulièrement sensible dans les endroits calmes. Mais leur intensité augmente avec le bruit.
Lorsque les acouphènes sont puissants et se manifestent par des sifflements aigus extrêmement gênants. Ils entrainent une dégradation de l’audition en ajoutant un sifflement aux « vrais » sons : ils rendent métalliques et désagréables tout ce que l’on entend. Ces acouphènes permanents sont très invalidants. Ils gênent constamment la concentration le jour, empêchent de dormir la nuit, et deviennent insupportablement obsédants.
L’hyperacousie c’est percevoir les sons plus forts qu’ils ne le sont vraiment. Vous voyez un enfant qui pleure, mais vous entendez une sirène qui hurle, etc. Cette hypersensibilité s’accompagne dans certains cas de douleurs auditives qui se manifeste au niveau des oreilles juste après la perception du son. En cas d’exposition prolongée au bruit, elle se diffuse dans le cou et dans la gorge, et se prolonge pendant plusieurs heures après la disparition du bruit. Plus le son est fort, sec et aigu, plus il est insupportable et douloureux.
L’hyperacousie rend le monde hostile et douloureux. On est amené à abandonner progressivement ses activités, on renonce aux contacts avec les autres. Finalement, à bout de résistance, on doit arrêter son travail.