Les perturbateurs endocriniens sont présents au quotidien. Notamment dans l'alimentation. Crédit : Bearfotos.
Les 1000 premiers jours de vie du fœtus, puis de l’enfant, sont déterminants pour sa santé à l’âge adulte. Des études scientifiques montrent notamment les effets néfastes des perturbateurs endocriniens. Comment s’en protéger ? Voici quelques éléments de réponse.
Notre environnement s’est plus modifié en quelques décennies qu’au cours des siècles précédents. Plus de 100 000 molécules de synthèse ont été fabriquées et sont commercialisées depuis le début du XXe siècle selon l’IRSN. Or, cela a de multiples retentissements sur la santé, souvent insoupçonnés.
Les perturbateurs endocriniens néfastes tout au long de la vie
Diverses études scientifiques ont mis en évidence une augmentation de la fréquence des pathologies. Ces dernières touchent notamment les organes de la reproduction ou encore des altérations de la fertilité. Ainsi, il existe de fortes préoccupations sur l’impact sanitaire potentiel de ces substances, dites « perturbateurs endocriniens » (lire ci-dessous), sur le système hormonal. Elles sont présentes dans l’environnement ou dans des produits de consommation.
Une sensibilité particulière aux perturbateurs endocriniens a été observée pendant la période fœtale, la petite enfance et la puberté. Pourtant, pendant les premiers mois et, plus particulièrement les 1000 premiers jours de la vie d’un enfant, les conditions de vie sont un déterminant majeur de la santé future pendant l’enfance et à l’âge adulte.
La période des 1000 jours, c’est quoi ?
La période des 1000 jours correspond à la période entre le début de la grossesse où le fœtus commence à interagir avec son environnement et celui où l’enfant prononce ses premières phrases. Cette période est comprise entre le quatrième mois de grossesse et les deux ans de l’enfant. C’est alors qu’une partie considérable de son développement est en jeu. Elle se caractérise par un rythme de croissance sans équivalent à l’échelle d’une vie. Le bébé grandit de deux centimètres par mois, la taille de son cerveau est multipliée par cinq et les connexions neuronales s’y établissent à la fréquence de 200 000 par minute.
C’est pourquoi l’OMS recommande de limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens pendant les 1 000 premiers jours de vie. Selon l’éco-infirmier Philippe Perrin, « les 1000 premiers jours de la vie d’un individu sont primordiaux pour son futur développement. […] Du fait de l’immaturité de leur peau, de leurs poumons, de leur système immunitaire, les enfants sont particulièrement fragiles face à leur environnement. » (Source : France Asso Santé)
Ainsi, l’alimentation, l’activité physique, le sommeil, les effets de l’environnement au sens large (exposition aux facteurs de risque de l’environnement physique et vécu de l’environnement social) et le style de vie en général sont essentiels pendant cette période pour construire son capital santé.
Toutefois, il est possible d’agir collectivement mais aussi individuellement sur ces déterminants pour lutter contre l’extension des maladies chroniques et plus largement contre les inégalités sociales de santé.
Comment agir durant la période des 1 000 jours ?
Ainsi, les 1 000 premiers jours sont une période de forte vulnérabilité. Mais c’est également une opportunité à saisir en termes de prévention précoce pour rendre l’organisme plus résistant aux facteurs induisant les maladies chroniques.
Dans ce cadre, la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens 2 (2019-2022) a vu le jour en France (lire ci-dessous). Elle se centre autour de 3 axes : amélioration des connaissances, information et formation, protection de l’environnement. Pour ce faire :
Santé Publique France a créé le site agir-pour-bébé.fr. Il donne des conseils pratiques pour limiter leur exposition aux produits chimiques dont les perturbateurs endocriniens.
Les professionnels de la petite enfance ont été formés aux bonnes pratiques pour limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens.
Quelques conseils pour limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens pour les femmes enceintes :
Aérer son logement tous les jours, au moins 10 min.
Planifier les travaux de la chambre de bébé au plus tôt (au moins un mois avant son arrivée).
Limiter le nombre de produits cosmétiques, privilégier les plus simples, naturels (liste d’ingrédients courte) et ceux porteurs d’un label reconnu.
Limiter le nombre de produits ménagers et privilégier les produits simples et naturels (vinaigre blanc, savon noir).
Préférer les contenants alimentaires en verre à ceux en plastique.
Manger des produits frais et préférer les fruits et légumes issus de l’agriculture biologique.
Limiter la consommation de viande ou de poissons prédateurs et se préoccuper des conditions d’élevage et de conditionnement.
Laver les nouveaux vêtements avant de les porter.
Éviter l’utilisation d’insecticides ou de désodorisants dans la maison ou la voiture.
Un perturbateur endocrinien est une substance exogène ou un mélange qui altère une ou des fonctions du système endocrinien. Par conséquence, il cause des effets négatifs dans un organisme intact, sur sa descendance. Leurs actions portent à la fois sur les humains mais également sur la faune.
Nous les trouvons partout dans notre environnement. En effet, elles proviennent principalement de l’industrie (incinération, isolation, surfactants, agents de nettoyage), de l’agriculture (pesticides organo-chlorés, insecticides, herbicides, fongicides et phyto œstrogènes), mais aussi des produits à usage domestique (plastifiants, résines, plastiques, retardateurs de flammes, cosmétiques, contraceptifs).
Quelle politique en France face aux perturbateurs endocriniens ?
Comme tous les pays développés, la France est confrontée à une progression des maladies chroniques : diabètes, maladies respiratoires, maladies inflammatoires, cancers hormono-dépendants… Le pays fait également face à une augmentation des troubles de la fertilité et de la reproduction. Le facteur environnemental est largement mis en avant dans l’apparition de ces troubles.
La France est active et précurseur en Europe sur la question des perturbateurs endocriniens. Ainsi, en avril 2014, la première Stratégie Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens a été adoptée par le Gouvernement. Cela constitue une première au niveau mondial. Cette stratégie fixe comme objectif premier la réduction de l’exposition de la population et de l’environnement aux perturbateurs endocriniens.