Comment les plus de 60 ans ont-ils vécu la crise de la Covid-19 ?

Depuis plus d’un an, de nombreux experts, scientifiques et médecins sont intervenus dans les médias afin de traiter de l’impact de la crise sanitaire sur les personnes de plus de 60 ans et de leur place dans la société. La Mutualité Française Bourgogne-Franche-Comté a souhaité mettre en avant le vécu de cette population en organisant deux webconférences :

• Les témoignages de trois retraitées, le 31 mai.
• Les analyses de la psychologue Magalie Bonnet et du sociologue Serge Guérin, le 11 juin. Retour sur leurs interventions.

Qui sont les séniors ? Les aînés ? Les « vieux » ?

Selon Magalie Bonnet, il est difficile d’établir une définition précise de ce qu’est un senior. La séniorisation est un processus plutôt qu’un état. Il diffère selon une multitude de situations tels que les histoires de vie, le rapport au corps, la capacité à s’adapter, son environnement de vie, etc.

Les seniors interrogés ont mis en avant le fait de ne pas avoir eu peur pour eux-mêmes, contrairement au discours entendu dans les médias. A contrario, ce sont plutôt leurs proches qui ont eu peur pour la santé des plus âgés. Magalie Bonnet souligne que cette situation pandémique a pu engendrer l’infantilisation de certains d’entre eux.

Serge Guérin développe quant à lui la notion de « styles de vie évolutifs influençant la séniorisation ». Il estime que la solidarité, les liens intergénérationnels, notamment en cette période de pandémie, sont nécessaires à la construction d’une société plus inclusive. « Les sociétés ont besoin de liens sociaux car cela procure une forte richesse pour chacun, ce qui n’est pas négligeable actuellement. »

Comment rendre la société plus inclusive ?

Pour Magalie Bonnet, « une société plus inclusive peut favoriser la qualité des liens d’attachement ». Les liens d’attachement sont, selon elle, les piliers de la société. Ceux-ci seraient innés et rendraient l’individu faible en cas d’absence.

Le processus de vieillissement peut créer des formes de vulnérabilités. Les figures d’attachement des seniors – les enfants par exemple –  peuvent alors vouloir les protéger malgré eux et oublier de prendre en compte leur parole et leurs besoins. Magalie Bonnet note que, culturellement, les seniors peuvent être en difficulté pour exprimer leurs besoins.

La société du Care, une solution ?

C’est pourquoi la société du Care, dite du bien-être ou d’interdépendance bienveillante, définie par Serge Guérin, est une parfaite illustration de l’importance d’une société inclusive. Les personnes âgées sont des piliers, une ressource pour la société. C’est pourquoi il faut pouvoir interpréter les signaux d’une souffrance, mais aussi valoriser l’aide qui leur est faite, même à petit échelle, car elle est importante. Serge Guérin explique que les proches aidants sont au cœur de cette société du Care. Il est alors nécessaire de les accompagner car la charge mentale qui pèse sur eux est importante.

Être retraité est-il synonyme d’inutilité économique ? Non, car leur implication sociale est plus que nécessaire de par leurs rôles de bénévoles, d’aidants et de soutien familial. Cette webconférence, organisée dans le cadre du programme Bien vieillir chez vous, avec le soutien des Conférences des financeurs du Doubs et du Jura, a ainsi pu mettre en lumière les séniors et notamment leur vécu lors de la pandémie.