Les conseils d’expert n°2 : notre primordiale santé-environnementale !
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- 2 avril 2019
Laure Pressouyre nous donne quelques conseils pour un environnement plus sain au quotidien.
Chaque mois, un expert en prévention de la Mutualité Française BFC aborde l’une de nos thématiques santé et nous propose des conseils pour prendre soin de nous. Ce mois-ci, on se plonge dans les liens entre santé et environnement intérieur, avec Laure Pressouyre, chargée de projet prévention et Conseillère médicale en environnement intérieur. Elle récapitule pour nous les bonnes pratiques pour mieux consommer et limiter les polluants dans notre quotidien.
La santé environnementale étudie les liens entre l’environnement, sa pollution et l’impact sur les hommes. En particulier dans les espaces clos qui seraient 5 à 7 fois plus pollués que l’air extérieur, alors que nous y passons plus de 80% de nos journées (source Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur). Ainsi, qualité de l’air intérieur, alimentation, cosmétiques, ondes électromagnétiques, produits d’entretien et de bricolage, matériaux… sont autant d’éléments du quotidien qui peuvent être défavorables à la santé et à l’environnement et qui interrogent nos choix de consommation.
Essayons d’y voir plus clair, grâce à notre experte de la santé environnementale !
La santé environnementale est un sujet très médiatisé, pourquoi ?
En effet, de plus en plus de reportages sur ce sujet et de lanceurs d’alerte interpellent sur ce que l’on trouve dans notre environnement et la qualité de l’air que l’on respire. Nous y sommes de plus en plus sensibilisés car ce sont des éléments qui se dégradent.
Ce n’est pas un sujet nouveau, mais les problématiques changent. Il y a quelques années, les scandales sur le distilbène, l’amiante, le bisphénol étaient sur le devant de la scène. Aujourd’hui on parle plutôt des perturbateurs endocriniens et du glyphosate par exemple.
Quels effets cette médiatisation a-t-elle sur la population ?
Globalement, les récentes mises en lumière des problématiques de santé, de pollution et d’environnement ont amené à une prise de conscience des risques et dangers. Le consommateur s’interroge beaucoup plus sur son environnement et prend du recul par rapport à ses achats. Il cherche à consommer mieux, dans tous les domaines. On dit fréquemment qu’il devient « consom’acteur« . Mais il se retrouve aussi face à une multitude d’informations et ne sait pas forcément déceler le vrai du faux.
Cette médiatisation a aussi des effets anxiogènes, qui peuvent conduire à une perte de confiance envers les pouvoirs publics et les industriels. Lors des ateliers prévention que j’anime, une question revient souvent : « Pourquoi les produits indiqués comme dangereux (avec des pictos ou mentions de danger…) sont-ils vendus, alors que l’on sait qu’ils sont dangereux ? ».
Pour renforcer la protection de la santé et de l’environnement, le gouvernement réfléchit davantage sur les stratégies à adopter. Le 3e plan national santé environnement (PNSE3) 2015-2019 témoigne d’une volonté politique de réduire de façon efficace les impacts des facteurs environnementaux sur la santé. Actuellement, le gouvernement travaille également sur l’élaboration du plan « Mon environnement, ma santé » et la consultation publique sur la nouvelle stratégie sur les perturbateurs endocriniens (SNPE2).
Comment améliorer facilement ses habitudes au quotidien ?
En matière de produits ménagers ?
On peut faire le choix de produits plus neutres et naturels (vinaigre blanc, bicarbonate, savon noir…). On peut aussi se tourner vers des produits avec des labels écologiques, ou les fabriquer soi-même, en respectant les précautions d’usage.
Rappelons aussi qu’il n’est pas nécessaire de chercher à désinfecter sa maison avec des produits agressifs et irritants !
En matière d’alimentation ?
Avant tout, il est important de privilégier au maximum des produits frais, locaux, de saison, voire bio. Cela limite la présence de pesticides et de substances chimiques favorisant la croissance (engrais, antiobiotiques…).
Et rester dans la simplicité ! On essaie d’éviter les aliments les plus transformés, voire « ultra-transformés« . C’est à dire pour lesquels les ingrédients ont subi de nombreux traitements, visant à leur donner une texture, une couleur, un goût bien particulier. Par exemple, les confiseries, crèmes glacées, jus sucrés et produits laitiers sucrés, nuggets de poulet, poisson pané et autres plats congelés prêts à consommer, chips, sauces… (+ d’infos sur les aliments ulta-transformés)
Consommer en vrac est également intéressant : cela permet de limiter les déchets mais aussi les substances provenant de l’emballage et qui entrent en contact avec l’aliment.
En matière de matériaux d’ameublement ?
On y pense assez peu mais le choix des matériaux de ses meubles et textiles est aussi important pour limiter la pollution intérieure.
Lorsqu’on achète du mobilier neuf, en aggloméré ou plastique, il est conseillé de l’aérer une quinzaine de jours avant de le monter dans la pièce. Par exemple de le laisser au garage ou sous un abri à l’extérieur. Ou de privilégier ces achats en été, lorsque l’on peut laisser les fenêtres ouvertes plus longtemps.
L’achat d’occasion ou la fabrication « Do It Yourself » reste sinon une bonne solution ! Cependant, il faut prêter attention aux éventuels vernis, peintures, etc. que l’on utilise pour protéger ou relooker le meuble.
Enfin, il existe aussi des labels fiables permettant de choisir les matériaux les moins émissifs.
En matière de chauffage ?
L’entretien des équipements reste le premier des gestes pour limiter la pollution et éviter l’émanation de monoxyde de carbone.
On conseille d’entretenir 1 à 2 fois par an tout dispositif de chauffage (chaudière, cheminée, poêle…).
En matière de cosmétiques ?
Contrairement à ce que l’on peut penser, les produits d’hygiène et de soins peuvent également avoir un effet indésirable sur notre santé. On les utilise au quotidien, aussi on essaye de réduire les quantités utilisées, et le nombre de produits présents dans nos salles de bain, pour ne conserver que l’essentiel.
Là encore, les labels peuvent nous aider à choisir les produits les plus neutres pour la santé et l’environnement.
Pour ceux qui souhaitent se lancer dans la fabrication, qui peut être plus complexe et nécessiter du matériel, des règles d’hygiène et précautions d’emploi des ingrédients sont à respecter.
D’autres recommandations ?
Le tabagisme à l’intérieur, la présence d’animaux de compagnie, l’humidité du logement jouent également des rôles très importants sur la qualité de l’air intérieur d’une habitation. Il est recommandé d’essayer de les limiter au maximum.
Il est difficile d’être exhaustif, mais à l’heure actuelle on dispose d’études fiables concernant ces sources de pollution et leur implication dans de nombreuses pathologies.
Pour résumer, quel conseil n°1 peut-on retenir ?
Le grand conseil à retenir est d’aérer tous les jours, au minimum 15 minutes. Même en hiver, saison durant laquelle ce geste est moins automatique ! Pour favoriser une bonne ventilation, on préconise aussi de vérifier régulièrement le bon fonctionnement des systèmes de ventilation de son logement.
Comment se fait le changement d’habitudes ? Pourquoi cela peut paraitre difficile ?
On ne change pas ses habitudes du jour au lendemain. Elles nous rassurent, nous réconfortent et nous font économiser du stress. Les changer nous bouscule hors de notre zone de confort, et nous fait prendre le risque d’être déçus et que la nouvelle habitude ne nous convienne pas.
Pour y remédier, on peut commencer par tester de petites modifications qui nous paraissent simples. Il faut agir en douceur, sans se mettre de pression. Cette première étape, source de satisfaction personnelle si elle est réussie, peut ensuite enclencher une dynamique du changement et s’inscrire dans le temps.
De plus, au fur et à mesure de la « pratique », on sait repérer plus facilement où se trouvent les substances à éviter. Le choix des produits plus sains devient automatique, plus rapide et non contraignant.
Pour protéger les plus jeunes, quels conseils peut on donner aux jeunes parents ?
Que ce soit pendant la grossesse ou les premiers mois de vie, les toxiques dissimulés dans l’air intérieur sont particulièrement nocifs pour le bon développement des jeunes enfants. Leur organisme est en plein développement. D’où l’importance d’être particulièrement vigilant et attentif aux polluants qui les entourent.
Outre l’ensemble des conseils évoqués ci-dessus, on préconise de réfléchir à l’aménagement de sa chambre bien avant la naissance du bébé, au choix des jouets, à bien laver les vêtements neufs avant de les porter…
La température idéale pour dormir dans une chambre est 18° C. Une chambre surchauffée favorise la prolifération des acariens et l’émanation du formaldéhyde. Et, on ne le répètera jamais assez, aérer 15 minutes chaque jour permet de renouveler l’air de la chambre.
Merci à Laure Pressouyre pour cette interview. Pour toute question, vous pouvez la contacter par mail à laure.pressouyre@bfc.mutualite.fr
Nos actions de prévention Santé-environnement
Pour sensibiliser et répondre aux inquiétudes de la population, le Pôle prévention de la Mutualité Française BFC a développé plusieurs actions de prévention, individuelles ou collectives. Elles s’adressent à des publics spécifiques, en lien avec les priorités de santé environnementales liées à leur âge ou leur profession.
- A la recherche du bonh’air : pour les parents, futurs parents et professionnels de la petite enfance
- Justin peu d’air : pour les professionnels de la petite enfance (assistantes maternelles…)
- Génération Z : pour les élèves de 3e et leurs parents
- Toxi’quotidien : pour le grand public (4 séances)
- Allergies alimentaires : pour les professionnels de la restauration collective
- Qualité de l’air intérieur dans les ERP : pour les professionnels des lieux d’accueil d’enfants de moins de 6 ans
- CMEI : pour les personnes souffrant d’allergies et pathologies respiratoires chroniques
- Bon’us Tonus : pour les séniors de plus de 60 ans, vivant à domicile
Retrouvez l’agenda des actions de prévention et promotion de la santé, organisées par le Pôle Prévention de la Mutualité Française BFC, dans notre rubrique « Événements » .
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