Santé 2012 : le débat a été lancé à Beaune

"Je suis très heureux de pouvoir débuter ici à Beaune une série de 10 réunions interrégionales qui s’achèvera à Paris le 9 février, un tour de France mutualiste visant à alimenter ce que nous avons appelé notre plate-forme 2012 en cette année de rendez-vous électoral […] Nous ne pouvons accepter ce qui s’apparente de plus en plus à une démission collective face à l’apparition d’une santé à deux vitesses".
C’est ainsi que le débat a été officiellement amorcé par le Président de la Mutualité Française, Etienne Caniard. Le 16 novembre à Beaune, plus de 300 personnes avaient répondu présent pour venir échanger sur les orientations mutualistes pour un système de santé plus juste, plus efficace et plus pérenne.

A télécharger : Synthèse des débats le 16 novembre 2011 à Beaune (718,61 kB)

A l’heure où l’assurance maladie obligatoire ne rembourse que 55% des soins courants, hors affections de longue durée, pour Etienne Caniard, l’objectif de ces rencontres est d’essayer de « proposer ensemble des solutions pérennes » en vue d’une « véritable refondation de notre système de protection sociale ». Dans cette optique, syndicalistes, professionnels de santé, politologue, acteurs de l’économie sociale et solidaire se sont ainsi succédé à la table ronde.

« Nous ne partons pas de rien. Un socle de propositions existe, il va être nourri de nos débats, de nos échanges », encourage Monique Augé, Présidente de la Mutualité Française Bourgogne. Et Etienne Caniard de poursuivre : « C’est cette diversité de regards qui va permettre, à partir de l’analyse des besoins, des échanges d’expérience, de la confrontation des points de vue d’enrichir notre propre réflexion. Ces réflexions s’appuient sur trois piliers que nous considérons comme des axes structurants : 1) assurer la pérennité du système, 2) le rendre plus efficace, plus efficient, et enfin, 3) plus juste. « 

Jean de Kervasdoué, professeur d’économie et de gestion des services de santé du Conservatoire National des arts et métiers (Cnam), pointe du doigt le fait que la France est, après les États-Unis, le pays où les dépenses en matière de santé sont les plus importantes. Paradoxalement, « c’est au Japon, où l’on dépense le moins, que l’espérance de vie est la plus élevée ».

« Le droit à une mutuelle pour tous est d’abord une question de solidarité et de justice sociale », indique Bruno Palier. Ce directeur de recherche du CNRS, au Centre d’études européennes des Sciences Po, évalue à 20 % l’augmentation des remboursements des mutuelles depuis les années 2000, en raison de la hausse du ticket modérateur et de l’augmentation du forfait hospitalier.

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De gauche à droite : Jean-Louis Cabrespines, Françoise Vagner, Dr Emmanuel Debost, Yolande Briand

« Il faut arrêter ces transferts de la Sécurité Sociale ! « , fustige Françoise Vagner. Membre du groupe CGT au Conseil économique, social et environnemental (Cese), elle craint notamment que les assurances privées y trouvent leur compte. C’est pourquoi, « il est essentiel que les organisations syndicales et la Mutualité Française travaillent et réfléchissent ensemble et que la population française s’approprie le débat sur les questions de santé », assure-t-elle.

Au-delà des questions de financement et de pérennité du système, c’est bien la question de l’accès aux soins qui se pose et, sous-jacente, celle des inégalités entre les Français face à la santé et au système de soins.

Présidente du groupe CFDT au Cese, Yolande Briand s’est dite choquée de découvrir qu’il existe dans certains hôpitaux « un parcours spécifique pour les gens à la CMU ». « On ne peut plus faire l’économie d’une réflexion approfondie sur la solidarité », s’insurge-t-elle. « Il nous faut retravailler cette question comme un nouveau contrat social à construire ».

Pour améliorer l’offre de soins, le Dr Emmanuel Debost, médecin généraliste à Plombières-les-Dijon et membre de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) propose « une régulation de la liberté d’installation des médecins pour éviter les déserts médicaux « .

Enfin, le président du Conseil national des Chambres régionales de l’économie sociale (Cres), Jean-Louis Cabrespines, a souligné le rôle important joué par les mutuelles et leurs services de soins et d’accompagnement mutualistes (SSAM), sur tout le territoire, sans disparités géographiques ou sociales. « Mais ce n’est pas suffisant, ajoute-t-il, les mutuelles vont avoir à répondre, en complémentarité de ce qui existe, aux difficultés que rencontrent les gens. »

Le Président, Etienne Caniard, a clôturé ces allocutions en rappelant que la solidarité nécessite de « tenir compte de la diversité des organisations et des individus. On travaille tous dans l’esprit de construire un système le plus solidaire possible. »

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Monique Augé, Présidente de la Mutualité Française Bourgogne s’est félicitée de la volonté de mettre en œuvre « un socle partagé de propositions concrètes pour notre système de santé ». Elle a d’ailleurs remis à cette occasion plus de 8000 signatures de la pétition « Un impôt sur notre santé, c’est NON ! » qui sont « le fruit du travail sur le terrain des élus mutualistes, des collaborateurs des Unions territoriales et de l’union régionale qui ont recueilli ces signatures sur les lieux de vie des Bourguignons, leur lieux de travail et aussi nos Ssam. »